Biographie Peter Verhaegen

L’alimentation et moi

Photo de Peter Verhaegen, fondateur et professeur de yoga chez Yoga KitchenEn tant qu’enfant j’ai toujours eu une grande affinité avec les animaux et les plantes. Je voulais étudier la biologie mais finalement j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur agronome. A l’université au milieu des années 80 du siècle précedent, les mots d’un professeur d’écologie me sont restés gravés dans le cerveau pour toute ma vie. Il nous démontrait comment la production de viande était gaspilleuse et désastreuse pour l’environnement. C’était flagrant, mais avec son discours à l’époque, il était plutôt en dehors des discours universitaires classiques. Dans la plupart des cours on ne parlait que de rentabilité, de chiffres de production et de profit. Certains professeurs, comme celui qui enseignait le cours d’élevage de bétail, racontaient parfois les pires conneries, telles que: “Manger de la viande, il le faut pour soutenir votre virilité” en réponse à une rare question critique d’un étudiant. Et dire que celle-ci n’était encore de loin la thèse la plus stupide.
Les universités des sciences appliquées sont des domaines où seul le mental règne, et où on se pose en général pas ou très peu de questions éthiques ou morales, et où on ne consulte jamais la sagesse du coeur. Moi non plus d’ailleurs, noyé comme j’étais dans un océan d’inconscience qui est souvent typique de beaucoup de gens dans leur jeunesse.

La cuisine est venue toute seule. Peut-être parce que en tant qu’enfant à l’école primaire, à midi je devais chercher mes petits frères et soeur à midi de l’école maternelle puis allumer le feu sous les casseroles en attendant ma mère, qui rentrait plus tard. Parfois elle rentrait plus tard que prévu et de cette manière j’apprenais combien de temps les pommes de terre et les légumes devaient cuire avant d’être prêts. Dans notre famille au sens plus large,, une grande partie de la vie sociale se passait au tour de la table. Quand des amis de nos parents nous visitaient où à l’occasion des fêtes familiales, c’était l’habitude de rester à table pendant des heures pour des diners copieux de plats traditionnels préparés avec soin. C’était plutôt l’habitude en Belgique avec sa culture culinaire épicuriste assez bourguignonne. Ma mère était et est toujours un vrai génie culinaire et sa soeur, qui s’était formée en France chez des chefs de grande renommée en s’appropriant la culture culinaire traditionelle Française haute en viandes, poissons et crème, avait également un énorme talent à ce niveau.

Moi-même je suis de nature pas du tout orienté ou doué pour la “haute cuisine”. Manger c’est une chose dans la vie, mais dans notre culture on y attache trop d’importance. C’est double tranchant, en fait. Chez nous, manger est devenu synonyme de s’empifrer, de garder l’estomac rempli à longueur de journée, avec les pensées ailleurs. Ëtre occupé soi-même avec présence avec la préparation de sa nourriture, c’est quelque chose que nous ne faisons pas assez dans cette société foirée. Combien de fois ne remplit-on pas son caddie en mode zombie avec des crasses fabriquées pas des machines. La philosophie du yoga nous invite à la simplicité et à la pleine conscience.

Et puis il y a les animaux.

Il y a quatre scènes de ma jeunesse qui resteront à jamais gravées sur ma rétine..

La première: J’avais probablement huit ou neuf ans. Une escapade en famille un dimanche estival, avec arrêt à “la commune de Latem”, autrement connu comme le berceau de ce qui est plus tard devenu l’entreprise alimentaire Lima. Le sol, là-bas à Sint-Martens-Latem était sablonneux et poussiéreux. Mon regard était capturé par un groupe de quatre garçons plus agés que moi, qui étaient en train de jouer au football. Avec un crapaud vivant. Et aucun adulte n’a réagi. Profondément en moi, quelque chose se déchirait. Aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que j’ai du avoir le profond sentiment que quelque chose était sérieusement défaillant au niveau de la relation entre les humains et la nature, et les animaux en particulier.

La deuxième: j’avais douze ans, et la famille fêtait ma communion solennelle catholique. Après les nombreux cours il était temps pour le dessert. On m’appelait du jardin dans la salle de fête, car en tant que communiquant je devais Une photo d'une mère brébis et son petitcouper le gâteau. Sur un grand plateau rectangulaire il y avait un gâteau glacé blanc comme la neige, et au-dessus trônait un agneau agenouillé. Un garçon me donnait un grand couteau et me faisait comprendre que je devais décapiter l’agneau, car ainsi le sang, sous forme d’un jet de grénadine rouge, coulerait. J’ai commencé à protester et à faire un boucan car je sentais remonter en moi un grand dégout pour tant de symbolique meurtrière. On m’a forcé de couper quand-même, car je ne pouvais quand-même pas gâcher leur petite fête, mais je ratais mon coup et il n’y avait aucune goutte de sang grénadine.

La troisième: Entre l’âge de onze et de quatorze ans en tant que jeune explorateur chez les scouts j’ai été témoin dans le cour de notre local d’une activité, pendant laquelle des explorateurs plus agés, sans doute pour prouver leur courage et leur virilité vis-à-vis de leurs collègues guides féminines, allaient tuer de leur propres mains une poule brune-rouge innocente et sans défence. Je ne dois pas m’imaginer comment ils ont finalement tué cette pauvre bête dans leur stupide maladroitesse, j’étais incapable de continuer à regarder la scène.

La quatrième: C’était à la fin des années septante, le cour de mon école secondaire, un institut de Jésuites de grande renommée. C’était l’époque des émissions de télévision “Jeux sans frontières”, dans lesquelles des équipes en provenance de différents pays Européens devaient s’affronter dans une série de jeux relativement idiots.
On imitait ce jeu à la fête de l’école, des équipes mixtes d’élèves et de professeurs étaient en compétition. Dans une des séries, deux seaux se trouvaient à une distance d’une dizaine de mêtres entre eux. L’objectif du jeu: il fallait attrapper et transmettre au plus vite dans l’autre seau des anguilles vivantes. Une prof de Français, penchée au-dessus d’un des seaux, est restée pétrifiée sur place, elle ne pouvait pas forcer son coeur pour attrapper les animaux. Elle a gagné à jamais ma plus profonde sympathie.
Instinctivement j’ai très tôt compris, à travers toute cette symbolique et ce malmenage avec la vie animalière, qu’il y avait un terrible fléau dans la relation entre l’espèce humaine et le royaume animalier en ce monde.

Les premiers quarante ans de ma vie j’ai consommé comme tout le monde de la viande, du poisson, des oeufs et des produits laitiers. J’étais un buveur quotidien de lait de vache breveté et j’en étais même fier! Il y a environ 10 ans, j’ai décidé d’arrêter d’abord la viande et ensuite le poisson. Je ne trouvais plus aucun argument rationnel ou sensé pour continuer avec ça et je suis devenu un ovo-lacto-végétarien, donc une personne qui mange principalement du végétal avec des oeufs et des produits laitiers.

Dans le courant du mois d’avril de 2012 une chose extraordinaire s’est produite pendant une méditation respiratoire guidée. J’étais allongé parterre et tout d’un coup j’avais le sentiment qu’une liaison se créait, comme si des racines poussaient de mon coeur à travers ma colonne vertébrale dans le sol. J’étais bouleversé par une vague d’émotion, c’était tellement profond, comme si j’étais pendant une fraction de seconde connecté avec tout le chagrin de la planète et toutes les créatures vivantes, plantes et animaux, toute la souffrance de toutes les autres espèces terriennes qui soupirent sous l’hégémonie d’une race humaine déraillée. Je crois qu’à ce moment-là, mon coeur s’est ouvert, ou que de toute manière je suis rentré en contact intense et direct avec le champ d’énergie de mon coeur. Une connexion était établie. La merveille de la respiration.

Toutefois, il a encore duré trois mois avant que j’ai franchi le pas vers la vie d’un végétalien, d’abord avec un peu de plomb dans les chaussures, comme un expériment temporaire car j’étais comme beaucoup de gens impregné de la croyance, qu’une fois que je me priverais des protéines d’origine animalière, la chair sur mes os fondrait lentement. Je peux vous assurer, aujourd’hui, que c’est un mythe, la xième. Maintenant que je remarque que j’ai vécu en tant que végétalien en très bonne santé pendant cette dernière année, je le trouve complètement absurde qu’un seul animal encore devrait être exploité ou privé de sa vie pour me ravitailler en nourriture ou autre produit. Plus que je lis et que je m’informe sur les conditions dans lesquelles les animaux de ferme sont obligés d’exister et de mourir, plus haut s’élève la flamme de ma motivation pour le partager avec d’autres personnes, pour créer de la conscience et pour les inspirer à faire eux aussi la transition vers un régime alimentaire durable, libre de produits animaliers. Entretemps, j’ai passé le cap de la cinquantaine, et je crois avoir trouvé un but dans lequel je veux dépenser le reste de mon énergie vitale, et autour duquel mon cœur et mon mental sont parfaitement d’accord.

Où j’en suis aujourd’hui avec ma philosophie par rapport à l’alimentation vous pourrez lire à la page concernant la philosophie alimentaire de Yoga Kitchen.

Le yoga et moi – les bases (2003 – 2013)

Je n’étais pas du tout un enfant sportif. L’aspect compétitif de tous les soi-disants sports d’équipe, où le but c’est de faire mordre dans le sable ou d’écraser l’adversaire m’a toujours démotivé. Je n’aimais pas du tout les cours de gym à l’école, à part le gymnastique suédois qui me charmait mais qui dégoutait les autres élèves de ma classe.
Pendant les années quatre-vingts j’étais fasciné par les sessions de “Gym Tonic” pendant l’heure de midi sur l’une des chaînes françaises, par deux dames françaises fort bavardes. A la maison on se moquait bien de moi pour cette raison. C’était aussi l’époque de Jane Fonda et l’aerobic. Une fois quitté la maison de mes parents, j’allais suivre des cours d’aerobic dans ma ville natale et j’étais content d’avoir trouvé une discipline sportive où il n’y avait pas d’hiérarchie dominante et où il ne fallait pas anéantir un adversaire. En 1996 je me suis procuré mon premier livre sur la méthode de Yoga Iyengar où j’étais fasciné par les images, mais le livre est resté au chômage sur mon étagère pendant des années.

Jusqu’au moment, en 2003, pendant un de mes différents jobs comme employé de bureau, où je ne devais utiliser rien que mon cerveau et où j’étais pratiquement cloué sur ma chaise toute la journée, des cours de yoga pendant l’heure de table étaient offerts par Hélène Petre. Le choix entre un repas ou un cours n’était pas simple, mais j’étais étonné de voir dans quelle réserve d’énergie je pouvais puiser pour l’après-midi après ces simples exercices de yoga.
Depuis j’ai toujours continué à pratiquer le yoga, d’abord le Hatha Yoga, puis le Kundalini Yoga chez des professeurs tels que Christophe Degraeuwe (Sat Darshan Singh) et Carlos Arandia (Sat Sunder Singh). J’ai commencé à explorer d’autres disciplines de yoga et par le biais d’une série d’ateliers organisés par Nicole Couloubaritsis à Bruxelles je suis finalement arrivé en 2012 au Prana Yoga Flow d’Alberto Paganini à Bruges, qui m’a définitivement donné une base solide pour enseigner. La philosophie de l’abstinence de violence de la voie du yoga m’a captivé. J’avais le sentiment d’avoir trouvé un modèle selon lequel je voulais me situer et évoluer dans le monde. Je veux aussi mentionner le travail incroyable de Isabelle Versé autour de la Respiration Transformatrice, qui continue à m’inspirer. Et finalement, le zèle et l’esprit d’entreprise de Manon Weimar en Hollande m’ont servi d’exemples motivateurs.

Ma formation de yoga est toujours en cours et continuera sans doute encore pour toute ma vie.
Mes expériences dans la formation et la présentation devant des groupes de personnes dans le monde professionnel sont un atout important, ainsi que mon expérience avec le coaching individuel.

Les évolution récentes au niveau du yoga (2015 – 2018)

Yin yoga approfondissement
Bien que la formation de base chez Alberto Paganini m’ait déjà donné une connaissance raisonnable dans la nature et la spécificité du Yin yoga, j’ai participé en mars 2015 et en avril 2016 aux deux premières modules (un total de 50 heures) de la formation de Joe Barnett. Joe Barnett c’est l’assistant direct de Paul Grilley, le fondateur américain du Yin yoga. J’ai vécu la première module comme innovateur et transformateur au niveau de la conscience des aspects anatomiques du yoga. Vraiment à conseiller pour tout instructeur de yoga. Joe enseigne avec générosité en un grand sens de l’humour et réussit à rendre tous les aspects des “variations physionomiques” clairs et nets de manière à la fois visuelle et tangible.

Le yoga à fins thérapeutiques
A partir de fin 2015 j’ai fait pour la première fois la rencontre de Marc Beuvain, et dans le courant de l’an 2016 j’ai suivi son cycle de formation Le Yoga thérapeutique à Bruxelles, qui comportait 11 jours complets au total. Marc est un formateur passionné et très didactique qui enseigne avec une précision structurelle presque microscopique. Il est un cas à part das le monde du yoga. Ce qui était fort fascinant, c’est que ses enseignements sont d’une part fondés dans sa connaissance approfondie et très érudite de textes anciens sur le yoga, des textes qui précèdent tout ce qui est de nos jours généralement cité comme “les” sources du neo-yoga . Et d’autre part il décortique le yoga et plusieurs mythes du yoga de leur inflation, de leurs stéréotypes érodés et de tous les aspects qui ne sont pas pertinents pour notre culture occidentale contemporaine. Son cycle de 11 jours autour de la thérapie par le yoga s’est avéré par conséquent très “terre à terre” et absolument indispensable pour les professeurs qui veulent plus de conscience et de liberté d’action quand ils sont confrontés à des clients ou des étudiants du yoga qui doîvent faire face à des blessures ou autres situations corporelles spécifiques.

Le pranayama
En 2017 j’ai suivi la formation de deux jours sur le pranayama, également chez Marc Beuvain.

L’intuition appliquée
Fin 2017 j’ai entamé la première année de la formation en “Intuition appliquée” à Haarlem, au Pays-Bas, dans l’Institut pour l’intuition appliquée (Instituut voor Effectieve Intuïtie) de Carolina Bont. Mis à part l’objectif personnel que je poursuis avec cette formation, il est mon intention d’intégrer à partir de cette formation les aspects plus subtils et énergétiques du système des chakra dans les cours de yoga dans un futur proche.

Peter Verhaegen, décembre 2017, Bruxelles.